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Récits en friche
9 novembre 2007

N°4

    Voilà pour l'élément fondateur du récit, et pour l'enfance du héros qui n'est guère plus intéressante que toute autre enfance s'il ne s'agit pas de celle d'un enfant battu. C'est idiot mais c'est comme ça, les enfants heureux n'ont rien à dire, c'est peut-être d'ailleurs pour cela qu'on préfère le malheur, pour faire son intéressant. Je vois ça tous les jours, le nombre de gens à qui vous demandez de leurs nouvelles et qui vous en donnent, ces abrutis ! Et les nouvelles ne sont jamais gaies, ils le savent qu'on attire plus l'attention quand on est malheureux.

    Bien. Ainsi Benjamin Lebrac se souvient de tout et après la leçon qu'il a subi dans la cour de récréation, il n'est pas vraiment d'huemur à le crier sur les toits. Si les enfants eux-mêmes sont méchants avec lui, il a vu les adultes et ce dont ils sont capables envers les gens différents. Par exemple, il n'aime pas vraiment la façon dont les hommes du village traitent Pinleau les jours de Kermesse, il ne trouve ça pas bien. Ils le font boire et après ils lui font faire des trucs et des machins, il tombe souvent par terre, Pinleau. Alors si c'est pour être traité comme ça merci bien, Benjamin ne dira rien. Comme ça c'est expliqué.

    Il vit cette malformation très bien notre héros, il sait la cacher, même si au fur et à mesure du temps qui passe, il doit prendre de plus en plus sur lui pour ne pas rentrer dans le lard de ses parents (sa mère surtout, comme par hasard) qui mentent comme des arracheurs de dents chaque fois qu'ils racontent un épisode de leur vie. Il faut dire aussi que cette vie n'est pas vraiment trépidante et que s'ils ne l'embellissaient pas un peu, quasiment personne ne s'y intéresserait. Encore une fois, la mémoire phénoménale de Benjamin n'a rien à voir avec son intelligence, alors il ne le comprend pas, alors ça l'énerve tous ces mensonges.

    Ca l'énerve d'autant plus que souvent ces mensonges se font au détriment d'un des deux parents et que sûrement ça l'humilie, et si ce n'est pas le cas, cela signifie que celui qui est la cible du quolibet, celui-là n'a pas de fierté, et je vais te dire, c'est peut-être encore pire de mépriser un de ses parents plutôt que de le haïr. (enfin ce sont de bien grands mots pour des états d'âme qui ne durent guère plus d'un quart d'heure)

    Naturellement dans ces moments là il voudrait attraper le bol de mayonnaise et l'écraser sur la gueule de ce grand connard (écoutez, pour que vous ne ressentiez plus la désagréable sensation que chaque fois que je faois allusion à un parent de sexe féminin je fais allusion à ma propre mère, on va imaginer que le héros a été adopté par un couple de pédé.)... et donc tandis qu'il bourre la gueule de ce grand connard à coup d'huile émulsifiée il lui crie à la figure :

- Mais c'est toi, crétin des alpes, c'est TOI qui ce jour là avait dit de prendre à gauche contre l'avis de tous les autres ! C'est à cause de TOI que ce soir là on s'est perdu sur une saloperie de route qui ne menait nulle part, c'est à cause de TOI qu'on s'est trouvés seuls en plein désert rural et qu'on a du dormir à la belle étoile et le ventre creux au lieu d'être en ville à dormir dans un bon lit d'hôtel !

    C'est assez violent certes, mais parfois cela fait beaucoup de bien. Et il faut en outre ne jamais perdre de vue que cette scène n'a jamais eu lieu sinon dans l'imaginaire d'un personnage inventé. (D'autant qu'un gamin de dix ans n'aurait jamais utilisé les expressions "désert rural")

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