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Récits en friche
6 novembre 2007

N°3

       Je vais prendre maintenant le temps de parler de Benjamin Lebrac, je n'aimerais pas que nous partions sur un malentendu à propos de lui. On ne prend que trop rarement le temps de considérer les gens, ce qui explique certains conflits, surtout lorsque nous sommes confrontés à des abrutis. Et en disant cela, je ne pense aucunement à ma mère, bien qu'elle m'ai fait plus d'une fois honte à la fois par la façon péremptoire dont elle affirme des conneries et aussi par la désagréable habitude qu'elle a de perler très fort sans laisser les autres en placer une pour bien montrer qu'elle a raison.

        Donc Benjamin Lebrac ne parle pas très fort, d'ailleurs il parle peu, ce n'est pas qu'il n'ait rien à dire, bien au contraire. Si l'on veut se projeter dans son passé, on peu retrouver la trace du "traumatisme" qui l'a amené à se taire plutôt qu'à babiller. Ceci dit, j'ai bien mis traumatisme entre guillemets parce qu'il ne faut pas exagérer non plus les douleurs que l'on ressent, on a trop tendance à penser que tout ce qui  ne va pas dans le sens de l'avis de l'enfant est un traumatisme. Moi qui ai pris une bite dans le cul dans mon enfance, je tiens à dire qu'une engueulade c'est formateur et rien de plus. N'allez pas dire non plus tout ça à ma mère, vous n'imaginez pas tout ce qui pourrait s'ensuivre.

        Revenons en à notre héros dans la cour de son école. Il est tout seul, et pour tout dire, il se sent encore plus seul qu'il ne l'est parce qu'entre lui et le reste du monde il y a, dans son dos, un mur et devant lui un trio ricanant que grands crétins. Ils sont entrain de lui expliquer ce qu'il faut faire dans la vie, et ce qu'il faut éviter si l'on veut éviter les peines. Les peines que ces trois abrutis pourraient lui infliger, évidemment.

        Le Grand Grand, c'est celui qui parle, les autres, les Grands Moins Grands se contentent de rigoler d'un air entendu. Ces trois Grands, c'est simple, tout le monde les a connu, et quand on a réussi dans sa vie, on ne résiste pas au plaisir de klaxonner quand on passe dans sa belle voiture devant leur maison pourrie. Le Grand Grand il dit comme ça : "Alors chouchou, tu fais moins ton malin hein ?" Benjamin est un peu ennuyé, il ne s'était pas rendu compte qu'il faisait son malin avant. Il voudrait bien le dire d'aileurs mais il sent que si il prend la parole il va ajouter à sa douleur.

        Comme Benjamin se tait, le Grand Grand le toise un peu plus, sa supériorité physique vient de se muer en supériorité intellectuelle puisque l'autre se tait. Il n'y a rien de plus agaçant que cette facilité des imbéciles à croire qu'ils sont plus intelligents que les autres parce qu'ils ne les laissent pas parler, c'est d'ailleurs un fait majeur du débat à notre époque (et dans ma maison de famille souvent) : avoir raison c'est empêcher l'autre de présenter ses raisons. Donc le Grand Grand fait son fier, il faut qu'il en profite parce que plus tard, comme il aura raté sa vie ça sera à son tour de se taire, il semble d'ailleurs qu'il le pressente puisqu'il se remet à parler : " T'es moins bavard que tout à l'heure, hein chouchou ?"

       Il ne faut pas croire que Benjamin soit très intelligent, il n'empêche qu'il sait additionner deux et deux, et que "bavard" et "tout à l'heure", tout ça fait référence au cours avec Mlle Levesque, la gentille maîtresse qui l'aime bien parce qu'il répond souvent aux questions en cours. Apparemment, ça ne plaît pas à tout le monde, ça fait de l'ombre.  Expliquons les choses encore plus précisément : Benjamin répond aux questions parce qu'il veut que la maîtresse le remarque mais ce n'est pas un chouchou.

       C'est juste que Mlle Levesque elle a des beaux yeux verts marrons bizarre et des gros lolos et elle est vachement jolie et plus tard il veut l'épouser. Voilà c'est tout, alors dire que c'est un chouchou c'est un peu exagéré. Comme le petit Lebrac se tait encore, le Grand Grand continue à parler (il réfléchit beaucoup entre deux  phrases) et ses comparses continuent à ricaner : " Tu sais quoi chouchou ? Si t'es si intelligent, tu leur diras ce que t'as de cassé aux docteurs à l'hôpital !"

        Bien sûr que c'es tde la crâne, s ion en vient à une claque dans la cour c'est déjà le bout du monde, néanmoins ça fait peur et Benjamin voudrait presque s'excuser. Parce que c'est vrai après tout, c'est pas de sa faute à lui si il peut répondre à toutes les questions, il a juste découvert depuis quelques jours qu'il se rappelle de tout, comme ça, sans effort.

        Voilà l'information principale de cette saynète introductive : Benjamin Lebrac se souvient de tout. Si vous le croiesz encore aujourd'hui il vous dira qu'il est allé se réfugier dans les toilettes après cet avertissement, qu'il a bien pleuré et même qu'il s'est mordu la main entre le pouce et l'index en se jurant qu'il ne pleurerai plus jamais (et il n'a pas tenu ce serment). Il vous dira aussi qu'à partir de ce jour là ,il a toujours demander tacitement l'autorisation au Grand Grand pour prendre la parole et que Mlle Levesque s'est beaucoup moins intéressée à lui.

        Il vous dira que ça a été son premier chagrin d'amour et que le fait d'avoir gagné douze billes le lendemain et marqué un but au foot pour le match du week-end, ça lui a fait passer le chagrin sur le coup (un coup qui a certes duré plusieurs années) mais qu'aujourd'hui il se ferait taper dessus pour pouvoir épouser Mlle Levesque.

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Commentaires
P
:) sage résolution
M
On attend
C
tu veux qu'on passe une annonce pour un troll? <br /> ou on attend que tu sois encore re re celebre et pis que tu fermes? ;))
M
Cécile } Raaaaaaaaaaaaaa un gens sur mon blog !
C
:) tu sais comme j'aime ce personnage.
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